L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiait le 12 janvier dernier une étude montrant les risques de la croissance fulgurante de l’industrie privée de la télésanté sur le système public de santé. Or, plutôt que de refermer les brèches légales favorisant cette tendance inquiétante comme le recommandait cette étude, le gouvernement a choisi d’ouvrir toute grande la porte à cette nouvelle forme de médecine privée à but lucratif, laissant craindre l’émergence d’un véritable système de santé à deux vitesses au Québec.
Modifications au cadre réglementaire adoptées en catimini
Le 7 décembre dernier, le gouvernement Legault a adopté par décret une modification de la Loi sur l’assurance maladie qui officialise l’extension de la couverture publique aux services de télémédecine qui avait été temporairement accordée au début de la pandémie. Toutefois, en raison de cette modification — entrée en vigueur le 1er janvier dernier — les services médicaux en téléconsultation peuvent aujourd’hui être couverts par des régimes privés d’avantages sociaux ou d’assurance collective, même s’ils sont déjà couverts par le régime public. Les médecins du régime public sont également désormais autorisés à vendre leurs services aux entreprises privées de soins virtuels.
Croissance fulgurante de l’industrie privée de la télésanté : une menace pour le système public
Depuis le printemps 2020, certains fournisseurs privés de soins virtuels ont vu leurs chiffres d’affaires quintupler ; leurs dépenses en rémunération ont quant à elles augmenté entre 200 et 900 % depuis deux ans. L’augmentation importante des dépenses en rémunération montre que ces entreprises sont engagées dans des opérations de recrutement qui risquent de priver le réseau public, déjà aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre et de ressources professionnelles précieuses.
Enfin, l’AREQ suivra ce dossier de près, car cette ouverture au privé en santé est susceptible d’effriter l’accès équitable aux soins et la pérennité du système public.