L’AREQ (CSQ), en compagnie de la Centrale des syndicats du Québec, a pris part les 14 et 15 mai derniers au Sommet de l’économie sociale 2025, qui s’est tenu à la TOHU, à Montréal. Cet événement d’envergure réunissait des centaines d’acteurs du milieu communautaire, coopératif, syndical et municipal autour d’un objectif commun; faire avancer des solutions collectives pour répondre aux grands enjeux sociaux, économiques et environnementaux du Québec.
Deux journées riches en contenus
La programmation a permis d’aborder une variété de thèmes : l’autonomie alimentaire, la gouvernance démocratique, le logement communautaire, la culture comme levier de développement territorial, sans oublier les enjeux de main-d’œuvre, de diversité et de transition socioécologique.
L’AREQ s’est particulièrement intéressée aux ateliers et plénières touchant les services de proximité, les besoins des personnes aînées, et les stratégies territoriales pour soutenir une population vieillissante, notamment, par des initiatives collectives comme les EÉSAD (entreprises d’économie sociale en aide à domicile).
Un modèle porteur, mais à encadrer
Sans contredit, l’économie sociale représente une voie prometteuse pour répondre à certains besoins collectifs. L’AREQ reconnaît sa contribution dans des domaines aussi variés que l’habitation, le transport, la sécurité alimentaire ou la culture. Toutefois, nous émettons des réserves importantes lorsqu’il est question de déléguer la prestation de soins et de services de santé à des entreprises privées, même à but non lucratif.
Ce point a été soulevé à plusieurs reprises pendant le Sommet, mais les conséquences de cette approche n’ont pas été pleinement abordées. Cela pourrait entraîner une brèche importante dans les principes d’universalité, de qualité et d’accessibilité des soins.
Comme nous le soulignons dans notre mémoire sur la politique nationale de soutien à domicile, le gouvernement du Québec semble prendre un virage qui, sous couvert de modernisation et de réponse à l’urgence, mise plutôt sur des prestataires du privé, souvent précaires, mal rémunérés et peu encadrés. Cette logique de sous-traitance a d’ailleurs été dénoncée par les chercheuses Louise Boivin, professeure associée au département de relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), et Anne Plourde, de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), dans une récente lettre d’opinion publiée dans Le Devoir. Ces chercheuses affirment que la tendance du gouvernement à s’appuyer sur le privé lucratif et non lucratif en soutien à domicile entraîne une déqualification du travail, fragilise les conditions de celles (souvent des femmes) qui prodiguent les soins, et crée une iniquité territoriale préoccupante.
Pour des soins publics, universels et accessibles en soutien à domicile
L’économie sociale ne doit pas devenir un prétexte pour se désengager du filet social public auquel les Québécoises et les Québécois contribuent de manière significative par leurs impôts. Pour l’AREQ, le soutien à domicile, bien qu’il puisse être enrichi de partenariats, doit demeurer la responsabilité de l’État, dans le cadre d’un réseau public, universel, bien financé et accessible à tous, partout au Québec.
Légende : Nadine Bédard-St-Pierre, première vice-présidente CSQ, Samuel Labrecque, conseiller aux dossiers sociaux AREQ (CSQ), Lise Goulet, conseillère à l’action professionnelle en santé et services sociaux (CSQ) et Geneviève-Gaël Vanasse, conseillère responsable du Comité des jeunes (CSQ)