Le 6 décembre 1989, j’ai quatre enfants de 6 à 14 ans, dont deux filles. Il n’y a pas de télé en fonction et les enfants sont regroupés autour de la table de la salle à manger pour les devoirs lorsque mon mari revient du travail et me glisse à l’oreille ce qui se passe à Montréal. Discrètement, je descends au sous-sol pour écouter à la télé … Quel drame!
Dans les jours qui suivent, la mère en moi est bouleversée, mais à mesure que les informations se précisent, je suis choquée « comme femme ». Comment est-ce possible que des étudiantes aient été la cible d’une telle violence pour la seule raison de leur choix de profession?
Une quinzaine d’années plus tard, lorsque ma fille est entrée à Polytechnique, précisément en génie des matériaux, j’ai eu un pincement au cœur. Même si les années avaient passé, j’avais toujours en mémoire ce triste événement. Mais le sentiment qui s’est vite imposé à moi, c’est la fierté de voir autant de filles inscrites en génie, leur dynamisme et surtout leur soif de relever les défis technologiques. C’était vraiment impressionnant de les entendre partager leurs motivations et leurs projets. J’ai ressenti ça comme une victoire sur Lépine…
À l’approche du 6 décembre 2021, je suis fière du chemin parcouru au regard de la place des femmes sur le plan professionnel, mais l’égalité n’est toujours pas atteinte et pas seulement au travail. Se remémorer ce geste indescriptible de violence dirigé contre des jeunes femmes met malheureusement en lumière toutes les autres violences à l’égard des femmes qui sont plurielles et de plus en plus préoccupantes. Ces deux dossiers questionnent au plus haut point le comité national des femmes de l’AREQ et sont au cœur de nos réflexions en vue de définir quelles actions concrètes on pourra mettre de l’avant.
Par : Micheline Germain Saucier, responsable politique du dossier des femmes à l’AREQ