Aînés et pandémie

Depuis mars 2020, les aînés de 70 ans et plus sont confinés. On peut dire qu’ils étaient hors circuit. Avec l’annonce de cette semaine, il leur sera maintenant possible de rencontrer des membres de la famille, des amies et amis, sortir de la maison ou de la résidence et même de recevoir de la visite tout en respectant la distanciation des deux mètres.

On leur demandait de ne sortir que pour l’essentiel, et ce, seulement si personne ne pouvait faire leurs commissions ou si les commandes étaient quasi inexistantes. Bien sûr, les soins de santé leur étaient accessibles, mais on ne dérange pas pour des troubles mineurs sans lien avec le coronavirus. Pour plusieurs personnes, c’était tout un changement de vie et d’habitudes. On sait que les personnes aînées sont pour la majorité très actives, peu importe leur âge. De plus, qu’elles aient 70 ans ou même plus de 80, elles sont pour plusieurs, bénévoles et plusieurs organismes sont fiers que ces gens expérimentés fassent partie de leur équipe. De plus, si elles n’avaient pas de maladies graves ou de handicaps sévères, elles et ils étaient en forme, sortant marcher ou s’entraîner, participant à des conférences, assistant à des spectacles, gardant les petits-enfants, aidant les gens dans le besoin.

Pendant la pandémie, plusieurs ont dû reporter leurs soins de santé, ont été « négligés » (pandémie exigeait), car la priorité était sur les cas de coronavirus. Ces aînés ont bien compris la situation, mais ils ont dû sacrifier plusieurs soins et sorties qui rendaient la vie agréable avant. Finies les coupes de cheveux chez le barbier, la mise en plis de la coiffeuse, les échanges autour d’un café ou d’un repas au restaurant ou chez un ami, les visites des petits-enfants et tous ces petits extra qui étaient une échappatoire aux désagréments de la vie. On souhaitait qu’ils restent maintenant au foyer, car on faisait cela pour leur bien, car c’est surtout les 70 ans et plus qui contractaient ce virus et même en mouraient. Mais, encore une fois, les personnes aînées étaient mises à part, et ce, peu importe leur condition et leurs désirs. Plusieurs se sont sentis trahis, ont souffert de solitude pour ne pas dire plus. Pourtant, avoir 70 ans ou 72, ce n’est qu’une journée de plus que la veille et souvent on se sent comme à 20 an ; oui, nous avons certaines limitations qu’on veut oublier, car le cœur bat comme avant, nous ressentons le besoin d’aider, d’aimer et d’être aimé.  La famille et les amis, c’est très important, la reconnaissance de la société, on la sent ou on l’attend.

Oui, au Québec, nous sommes chanceux d’avoir vécu ces temps dans un logement confortable, à la chaleur (parfois un peu forte), avec des services et des attentions. Bien sûr, nous pouvions écouter les directives de nos deux gouvernements chaque jour, constater que plusieurs étaient comme nous, mais la vie n’était plus comme avant; et même si on nous proposait des rencontres virtuelles par ZOOM, Messenger, Skype ou autres, des jeux, des exercices en solitaire, il y avait une grande différence, ces moyens de communication étaient pour plusieurs inconnus. Il manquait le contact visuel, la proximité des autres, la liberté de choisir la compagnie ou la solitude.

Merci à nos membres qui se sont soumis aux recommandations, qui sont restés à la maison, qui ont respecté les consignes. Nous espérons qu’ils pourront reprendre le cours de leur vie sans problème et que leurs activités pourront combler leurs attentes. Merci aux bénévoles qui ont pris les « bouchées doubles » et qui nous ont téléphoné et se sont dévoués pour les autres. Je ne suis pas certaine que c’est ce que la majorité des gens de 70 ans et plus souhaitaient, mais toutes et tous ont agi avec la meilleure volonté.

La première pandémie est presque terminée et s’il y en a une deuxième, est-ce que nous devrions agir de la même façon? Les gens dans les CHSLD, les handicapés, les « malades » auront-ils une meilleure prise en charge? De meilleurs soins? Des attentions particulières? Une nourriture chaude et variée? Un changement de couche au besoin? Des aides pour les repas? De la compagnie si désirée?

Par : Mariette Gélinas, Cœur et Centre-du-Québec (04) secteur Shawinigan (B)

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