Le gouvernement du Québec a finalement présenté son plan pour une économie verte et confirmé l’octroi d’une enveloppe budgétaire de 6,7 milliards sur une période de 5 ans. Avec ce plan, le Québec devrait pouvoir réduire de 12 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit l’équivalent en CO2 de ses émissions sur son territoire en 2030. Même si cet effort n’est pas négligeable, il aurait fallu réduire de 29 millions de tonnes pour atteindre la cible initialement prévue d’ici 10 ans. Ce plan ne représente donc que 42 % de l’effort qui aurait été nécessaire.
L’électrification des transports : la priorité du gouvernement
Le plan de mise en œuvre repose principalement sur l’électrification des transports qui sont actuellement responsables de 43 % des GES émis. Il accorde 3,6 milliards en soutien à l’achat de véhicules électriques ou hybrides, à l’implantation de bornes de recharge, à l’électrification des autobus scolaires, des autobus urbains et interurbains, au camionnage, au transport ferroviaire et maritime ainsi qu’au développement du transport collectif. Ces mesures d’appui à l’électrification des transports représentent une bonne nouvelle, mais il serait possible de faire mieux. Les groupes de travail consultés recommandaient d’interdire la vente de voitures à essence en 2030 alors que le plan ne prévoit le faire qu’en 2035. Comme cela existe dans plusieurs pays européens, il était également souhaité d’imposer des pénalités pour l’achat de véhicules polluants comme les VUS, mais l’idée n’a pas été retenue. Enfin, c’est le nombre de véhicules sur nos routes qu’il faut réduire en favorisant davantage le covoiturage, le transport collectif et les modes de déplacement actifs lorsque cela est possible.
Qu’en est-il du reste des émissions totales de gaz à effet de serre?
Sachant que 30 % des GES au Québec sont produits par les industries, 10 % par l’agriculture, 10 % par le résidentiel, le commercial et l’institutionnel et 6 % par les déchets, nous nous attendions à des objectifs plus ambitieux pour ces secteurs. On retrouve dans le plan diverses mesures visant à soutenir la conversion énergétique des industries et des bâtiments, mais il ne s’agit vraiment pas de mesures contraignantes. Le plan gouvernemental accorde même un soutien au développement des filières du gaz naturel et de l’hydrogène dont les vertus environnementales sont contestées. En matière de réduction du gaspillage et de gestion des matières résiduelles, le gouvernement entend agir prioritairement sur la matière organique qui est à l’origine des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, il demeure flou sur la façon d’y parvenir et le soutien accordé. Enfin, il n’est aucunement question dans ce plan de l’aménagement du territoire et de l’étalement urbain qui ont pourtant un grand impact sur l’émission des GES.
Selon l’AREQ, il faut faire davantage. On ne devrait pas se contenter d’atteindre 42 % de la cible fixée pour 2030. Comme le Groupe intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat (GIEC) nous le rappelle régulièrement, il y a urgence d’agir pour freiner l’émission des gaz à effet de serre et le réchauffement de la planète. Il y a une crise climatique qui est aussi importante que la crise sanitaire. Face à cette situation, nous sommes prêtes et prêts à faire notre part pour réduire notre empreinte écologique. Nous avons d’ailleurs présenté un projet ambitieux au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Le projet intitulé « Les aînés québécois engagés dans la lutte contre les changements climatiques » vise particulièrement une amélioration de nos pratiques en matière de transport, de gestion des matières résiduelles, d’achat local et de fréquentation des parcs et autres espaces verts. Espérons que nous serons toutes et tous au rendez-vous pour mener cette importante bataille aux changements climatiques.
Par : Claire Bélanger, 1re vice-présidente responsable du dossier environnement et développement durable à l’AREQ et Laurier Caron, conseiller responsable du dossier environnement et développement durable à l’AREQ