Le premier budget du nouveau gouvernement du Québec a été dévoilé le 21 mars dernier. Bien que l’AREQ ait réagi promptement en ce qui a trait aux enjeux qui touchent spécifiquement les personnes retraitées et aînées, nous souhaitions également réagir à ce budget sous l’angle des enjeux environnementaux.
Malheureusement, malgré une situation économique et budgétaire enviable, le gouvernement du Québec ne semble toujours pas saisir l’urgence environnementale.
En effet, malgré une hausse significative des budgets des ministères de la Santé et de l’Éducation qui seront respectivement bonifiés de 5,9 % et 6,1 % en 2019-2020, le budget du ministère de l’Environnement, qui ne représente toujours que 0,21% des dépenses de l’État, croîtra de… 0,01%.
N’oublions pas que ce désintérêt du gouvernement pour ce ministère (qui se doit, entre autres, de coordonner l’action du gouvernement en matière de lutte contre les changements climatiques ainsi que d’appliquer la loi sur la qualité de l’environnement) doit être considéré dans un contexte de mobilisation citoyenne importante. En effet, une manifestation étudiante monstre avait lieu quelques jours seulement avant le dépôt du budget, le 15 mars dernier. Cette manifestation, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et de citoyens, n’était qu’une suite logique d’autres actions citoyennes, comme le fameux Pacte pour la transition énergétique, signé à ce jour par 268 000 citoyens de la province.
Des mesures insuffisantes
Mais la pression exercée sur le gouvernement ne semble pas faire effet, malgré les preuves scientifiques accablantes qui démontrent que l’inaction coûtera autrement plus cher que l’action en matière d’environnement, et ce, autant humainement qu’économiquement.
À l’heure où un changement de paradigme serait nécessaire pour faire face aux crises climatiques et à la biodiversité, le gouvernement concentre ses énergies sur l’électrification des transports (avec une enveloppe de 434 millions) et l’accompagnement d’entreprises dans la transition énergétique (une aide chiffrée à 410 millions). Ces choix reflètent une volonté du gouvernement de ne pas trop ébranler le modèle de l’auto solo; d’ailleurs, les investissements du gouvernement dans le réseau routier croissent et prennent de plus en plus d’importance par rapport aux investissements dans les transports collectifs, dont la part des investissements totaux du Plan québécois des Infrastructures est passée de 31 % à 27 % dans ce nouveau budget.
Et pour ce qui est de la transition énergétique, doit-on comprendre que le gouvernement y inclue le passage de plusieurs entreprises au gaz naturel? 47,6 millions ont ainsi été prévus pour l’extension du réseau de distribution de ce gaz, qui, rappelons-le, est bien un combustible fossile.
Notons également que ce budget n’a pas renouvelé le programme Réno-Vert, prisé par les Québécois, qui permettait d’obtenir un crédit d’impôt pour la rénovation écologique. En 2016 et 2017, 171 624 Québécois ont profité de ce crédit d’impôt.
Pour les générations futures
En conclusion, nous nous devons de noter que le gouvernement a pris l’engagement, en réaction aux critiques, entre autres des mouvements étudiants, de présenter dans les prochains mois un nouveau plan de lutte contre les changements climatiques pour la période de 2020 à 2030. Québec croit être en mesure d’atteindre son objectif avec cette « approche bonifiée » de réduction des GES de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 1990. Mais le gouvernement devra travailler fort, car il est pour l’instant loin du compte, avec une réduction à son actif qui n’atteint pas le 9 %. Et doit-on rappeler que l’atteinte de cet objectif ne représente, selon les recherches du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qu’un strict minimum? Afin d’assurer un environnement sain aux générations futures, il faudra faire beaucoup mieux.
Par : Le comité national de l'environnement et du développement durable