Hervé Kempf, 2011
« Le phénomène s’est manifesté à partir des années 1980 aux États-Unis, comme l’ont révélé les économistes Thomas Piketty et Emmanuel Saez : les 1 % très riches ont vu leur part du revenu national passer de 8 % au début des années 1980 à 16 % au début des années 2000, quand les 10 % de riches passaient de 25 % à seulement 27 %. »
« Le sociologue anglais Colin Crouch, dans un essai remarquable, a décrit la situation politique sous le terme de «post-démocratie», qui correspond assez bien à la forme actuelle du régime oligarchique : Même si les élections existent et peuvent changer les gouvernements, le débat électoral est un spectacle soigneusement contrôlé et géré par des équipes rivales de professionnels experts dans les techniques de persuasion. Le débat porte sur le petit nombre de dossiers sélectionnés par ces équipes. La masse des citoyens joue un rôle passif, voire apathique, en ne réagissant qu’aux signaux qui lui sont envoyés. »
« La présidence de George W. Bush (de 2001 à fin 2008) allait pousser cette osmose à un degré sans doute jamais atteint. Une enquête du Denver Post montrait par exemple en 2004 que plus de cent lobbyistes avaient été embauchés dans les services d’État chargés de contrôler les industries qui les employaient juste auparavant ! »
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Ancien journaliste de Courrier international, La Recherche et du Monde, il est l’actuel rédacteur en chef de Reporterre, le quotidien de l’écologie.