Lettre ouverte : Investir dans le soutien à domicile, c’est investir dans notre avenir collectif

Alors que la ministre des Aînés, Sonia Bélanger, tenait, le 14 mai dernier, une journée entière de concertation avec les partenaires, le constat est unanime : la politique que la ministre doit déposer l’automne prochain doit faire bouger les choses en misant sur le maintien et les soins à domicile (SAD).

Le Québec fait face à un défi démographique majeur. D’ici 2030, les besoins en services de soutien à domicile augmenteront considérablement, nécessitant une planification stratégique urgente et des investissements substantiels. Actuellement, seuls 10,7 % des besoins en soutien à domicile sont comblés par le système public. Pourtant, investir dans le SAD peut retarder, voire empêcher le recours à l’hébergement.

Investir dans le soutien à domicile présente des avantages économiques clairs. Le coût annuel moyen pour une personne recevant des services à domicile est estimé à 13 900 $, comparativement à des coûts variant de 67 400 $ à 96 800 $ pour une personne en hébergement. Ces chiffres démontrent, sans contredit, que le soutien à domicile est une option bien plus viable financièrement pour le système de santé québécois.

Cependant, la valorisation du personnel de soutien à domicile demeure un enjeu. Des travailleurs qualifiés se retrouvent sous-utilisés, affectés à des tâches qui ne correspondent pas à leur niveau de compétences. Cette situation mène à une insatisfaction professionnelle et à un gaspillage de talents précieux. Il est impératif de reconnaître et d’utiliser pleinement les compétences de ces professionnels pour améliorer la qualité des services offerts.

De plus, la privatisation croissante des services de soutien à domicile soulève des inquiétudes. Des études indiquent que la sous-traitance vers le secteur privé peut entraîner une détérioration des conditions de travail et une baisse de la qualité des soins, et ce, tout en augmentant les coûts à long terme. Il est essentiel de renforcer le secteur public pour assurer des services de qualité, accessibles et équitables.

Face à ces constats, plusieurs mesures s’imposent :

  1. Augmenter significativement les investissements publics dans le soutien à domicile, en s’inspirant des modèles scandinaves qui consacrent une part importante de leurs dépenses en santé à ces services;
  2. Valoriser et optimiser l’utilisation des compétences du personnel, en assurant une adéquation entre les qualifications des travailleurs et les tâches qui leur sont confiées;
  3. Renforcer le secteur public du soutien à domicile, en limitant la privatisation et en assurant des conditions de travail décentes pour les employés;
  4. Simplifier l’accès aux services, en créant des points de contact uniques régionaux pour faciliter les démarches des usagers.

En somme, le soutien à domicile ne doit pas être perçu comme une dépense, mais comme un investissement stratégique dans notre avenir collectif. Il est temps d’agir pour bâtir un système de santé qui respecte la dignité des personnes en perte d’autonomie et qui valorise le travail essentiel de ceux qui les soutiennent.

Micheline Germain, présidente de l’AREQ (CSQ)

Pascal Côté, 3e vice-président, CSQ

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