Lettre ouverte – Décès d’un septuagénaire à Québec

Un autre drame de trop : les aînés du Québec ne peuvent plus être les victimes des failles du réseau

La mort tragique d’un homme aîné à Québec, à la suite d’une intoxication médicamenteuse survenue dans un établissement public de santé reconnu, nous bouleverse profondément. Révélé le 13 novembre, par Le Soleil, ce drame met cruellement en lumière les failles d’un système censé protéger les plus vulnérables. Les faits évoqués par l’enquête préliminaire ne révèlent pas seulement une suite d’erreurs individuelles, mais bien un échec collectif des mécanismes de prévention et de supervision. Nous y apprenons que des doses inadéquates lui auraient été administrées sur une période prolongée, malgré des signes clairs de détresse et une dégradation évidente de son état.

Pour les 60 000 membres de l’AREQ (CSQ), cette tragédie rappelle douloureusement que, malgré les discours rassurants, des personnes aînées continuent de mourir de causes évitables. Nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille, qui doit aujourd’hui composer avec une perte qui n’aurait jamais dû survenir dans un système de santé moderne.

Ce qui s’est produit à Québec est particulièrement préoccupant. Ce n’est pas un incident isolé; c’est le symptôme d’un réseau à bout de souffle, où la sécurité et la dignité des aînés ne peuvent plus dépendre du hasard. Dans une grande ville où les équipes sont nombreuses, où les ressources sont accessibles et où l’expertise est disponible, comment une succession d’erreurs aussi élémentaires peut-elle survenir sans être interceptée? Si un tel drame peut se produire dans une ville comme Québec, que dire des régions où les équipes sont réduites, où les services sont intermittents et où la continuité des soins repose sur des bases fragiles?

Ce cas s’ajoute à une série de drames qui exposent les limites d’un système sous pression. Bien que l’AREQ soit intervenue à plusieurs reprises au fil des ans, les épisodes récents sont particulièrement préoccupants. Au printemps 2024, la situation en Côte-Nord a mis en lumière la pression injustifiée imposée aux proches aidants, et ce, faute de personnel qualifié. En novembre de la même année, le décès d’un homme renvoyé à domicile malgré sa condition fragile illustrait l’absence d’une véritable prise en charge gériatrique et le manque de services à domicile adéquats. Puis, l’été dernier, une femme atteinte d’Alzheimer à Terrebonne a été retrouvée sans vie après douze jours d’errance, un décès qui aurait pu être évité grâce à des mécanismes de surveillance appropriés. Dans tous ces cas, nous sommes intervenus publiquement parce que les aînés du Québec ne peuvent être laissés à la merci de défaillances structurelles.

Un seul faux pas peut s’avérer fatal. Une série d’erreurs, à l’instar de celle découverte le 13 novembre, est inacceptable.

Les personnes aînées ont droit à une protection réelle, à des soins sécuritaires et à un réseau qui place leur dignité au-dessus de toute contrainte organisationnelle.

Nous espérons que toute la lumière sera faite sur cette succession de cas préoccupants et que des mesures immédiates seront prises pour empêcher que de tels événements se reproduisent.

Chaque drame de ce genre est un échec collectif. Il est temps que le Québec prenne enfin la pleine mesure de l’urgence d’agir.

Micheline Germain

Présidente, AREQ (CSQ)

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