La campagne électorale provinciale arrive à grands pas. Le gouvernement actuel écoule la dernière année de son mandat et déjà, dans le dernier budget et les annonces les plus récentes, nous pressentons une tendance aux « bonbons électoraux ». Ce n’est pas une pratique nouvelle, nous le savons. La plupart des gouvernements ont usé de ce stratagème pour se présenter positivement devant l’électorat avant de passer au scrutin.
À l’AREQ, nous défendons les droits des personnes aînées du Québec dans l’optique d’atteindre une société globalement plus juste et plus équitable. Ainsi, il est de notre devoir de nous assurer que les gouvernements répondent aux besoins immédiats des aînés et que les aspirants au gouvernement nous offrent une perspective d’avenir intéressante. Cette année préélectorale est donc cruciale pour obtenir des gains visant l’amélioration de la qualité de vie des personnes aînées.
D’abord le bilan
Tout d’abord, il faudra dresser le bilan des actions et des décisions des dernières années susceptibles d’affecter la qualité de vie des personnes aînées. Le vieillissement de la population est un défi bien réel et il nous faut, collectivement, nous y adapter pour le bien-être de tous, particulièrement dans le réseau de la santé. Or, le gouvernement tarde toujours à proposer un plan structuré pour y parvenir. On y répond à la pièce, sans vue d’ensemble. Quelle est la place des aînés pour ce gouvernement? Un indice se retrouve dans la mise à jour économique du ministre des Finances de novembre 2017 : seulement 18 millions de dollars étaient prévus pour les personnes aînées dans un surplus de 2,3 milliards.
En centre d’hébergement et de soins de longues durées, certaines personnes souffrant de troubles cognitifs sont surmédicamentées, faute de personnel, tout comme le deuxième bain par semaine promis par le ministre semble impossible à concrétiser à bien des endroits. Dans le dernier rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être, on apprenait par ailleurs que les personnes aînées de plus de 75 ans attendent en moyenne près de 10 mois pour une place en CHSLD. Elles sont d’ailleurs près de 2 400 sur les listes d’attente.
Le manque de personnel se fait aussi sentir dans les résidences privées pour aînés qui, dans plusieurs cas, vont retirer des services qu’ils ne peuvent plus assurer à leur clientèle. Par ailleurs, plusieurs propriétaires de résidences ne sont pas capables d’accéder à un prêt leur permettant d’installer les gicleurs afin d’assurer la sécurité des résidents. Au bout du compte, c’est la personne aînée qui écope.
Enfin, l’offre de soins et services à domicile ne progresse pas au même rythme que la demande. Dans plusieurs régions du Québec, des bénéficiaires se sont même vu réduire des heures de soins et de services. La réforme en santé a été particulièrement néfaste dans ce champ d’intervention, alors que le personnel soignant, sous une pression insoutenable, se retrouve en congé maladie. Encore une fois, c’est la personne aînée qui écope.
Mais les conditions de vie des aînés sont aussi affectées par une multitude d’autres aspects importants. On doit inclure dans l’équation leur revenu, la lutte contre les abus et la maltraitance ou encore la conciliation travail-retraite des aînés qui, de plus en plus, retournent sur le marché du travail.
Puis, passons à l’action!
Une fois que nous aurons un portrait plus complet de la situation, l’AREQ sera en mode solutions. Nous pourrions nous inspirer de ce qui fonctionne déjà dans certaines régions du Québec, dans le reste du Canada et même sur la scène internationale. L’objectif est de proposer des façons de faire et d’influencer les décideurs afin d’adapter notre société au vieillissement de la population tout en préservant une vision positive du vieillissement au Québec. Il s’agit d’un défi, bien sûr, mais d’un défi dont nous pouvons tous ressortir gagnants.
Finalement, il sera nécessaire d’unir nos forces à celles des associations et des organismes concernés par ces enjeux. C’est pourquoi nous établirons des ponts de communication réguliers avec nos partenaires. Lorsque nous parlons d’une seule voix au nom des aînés, nous représentons un pouvoir incontournable, le pouvoir gris. Agissons ensemble de manière à rappeler à nos élus que les personnes aînées ont contribué toute leur vie à cette société. Les personnes aînées sont nombreuses, elles doivent se faire entendre et ont le droit d’être respectées comme citoyens et citoyennes. Elles ont le droit de vivre dans la dignité!
Lise Lapointe, présidente de l’AREQ-CSQ