Récemment, nous apprenions que le quart des CHSLD sont en mauvais état au Québec. D’une région à l’autre, les personnes hébergées n’ont pas les mêmes chances de vieillir dans la dignité. C’est désolant. En Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, 57 % des CHSLD sont en mauvais ou en très mauvais état, alors que pour la Capitale-Nationale, seulement 8 % sont dans un tel état.
D’ailleurs, l’impact des canicules en illustre tristement les conséquences. Lorsqu’on voit des personnes aînées, dans leurs derniers moments de vie, souffrir de la chaleur accablante dans leur chambre, car les systèmes électriques des bâtiments sont trop caducs pour permettre l’installation d’un système de climatisation, c’est choquant.
Devant ces images, on se demande pourquoi on ne fait rien, comme société, pour assurer ce minimum de confort à ces personnes en situation de grande vulnérabilité. On se sent impuissant, car nous vieillissons toutes et tous et nous espérons pouvoir le faire dans de meilleures conditions que ce qu’on observe actuellement.
Dans certains cas, l’installation d’un système de climatisation s’ajoute comme frais accessoires. Les personnes résidentes qui ont les moyens peuvent se le procurer elles-mêmes ou le louer à l’établissement. On vient ici créer deux classes de gens dans un contexte de soins de longue durée. Dans une chambre, une personne dormira sans problème à l’air frais, alors que la personne voisine souffrira de la chaleur et de l’humidité, accaparant le personnel soignant qui gère tant bien que mal cette situation avec des verres d’eau et des compresses d’eau froide. Enfin, faut-il rappeler les graves conséquences d’une canicule pour les personnes qui vivent des difficultés de santé importantes.
Pourtant, il n’y a pas de plan annoncé pour redresser la situation, comme si la crise allait passer et que tout le monde allait oublier. Cette histoire se répète pourtant chaque été. Quelques hospitalisations d’urgence, même quelques morts ne semblent pas suffire à faire bouger les choses. De toute manière, on se doute probablement bien que ce ne sont pas les résidents en CHSLD qui vont manifester haut et fort leur mécontentement.
Les élections s’en viennent à l’automne et les personnes aspirant à former le gouvernement devront nous convaincre de leur projet de société. La durée moyenne d’un séjour en CHSLD est de près de 1000 jours. Pourrions-nous nous organiser pour que ces 1000 jours se déroulent dignement, sans suffoquer de chaleur lors d’une canicule? Ce n’est pas parce que les personnes résidentes en CHSLD ont connu le siècle dernier qu’elles doivent y vivre comme à cette époque. En voilà un projet de société : assurer un minimum de confort dans le dernier tournant d’une vie humaine.
Lise Lapointe, présidente de l’AREQ-CSQ