Le 1er mai 2018, le CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal informait les résidents et leurs proches, par le biais d’une lettre, qu’ils ne pouvaient désormais bénéficier que d’un seul permis de stationnement gratuit par résident. Autrement dit, les membres d’une famille d’un proche hébergé en CHSLD doivent maintenant se concerter pour savoir qui aura droit au stationnement gratuit alors que les autres devront débourser pour chaque visite. Ce n’est pas un cas unique au Québec, cette décision découle d’une commande ministérielle exigeant à ses établissements de rentabiliser leurs stationnements.
C’est aberrant! Pas plus tard que le 30 avril, nous étions cinq organismes de défense des droits des personnes aînées, représentant plus de 700 000 personnes, à promouvoir un Québec digne de ses aînés. Nous avions le souci, avec nos 16 revendications, de réclamer des gestes concrets et réalistes pour améliorer les conditions de vie des personnes aînées en situation de vulnérabilité. Notre quatrième recommandation était justement « le stationnement gratuit pour les visiteurs dans tous les CHSLD, afin de briser l’isolement des résidents ».
Les proches aidants
Premièrement, il faut réaliser l’impact des soins apportés par les proches aidants dans ces établissements. Nous le savons, les compressions budgétaires et la pénurie de personnel ont gravement affecté les services aux personnes aînées. Selon le Regroupement des aidants naturels, on évalue la contribution des personnes aidantes entre 4 milliards et 10 milliards de dollars annuellement pour le Québec, car elles assurent des services essentiels et complémentaires à ceux dispensés par le réseau de la santé et des services sociaux. Il n’est dont vraiment pas avisé de leur imposer des tarifs de stationnement alors qu’elles sont des partenaires majeurs du réseau, à titres bénévoles.
L’isolement
Deuxièmement, nous sommes de nombreux organismes à lutter sur le terrain pour briser l’isolement des personnes aînées. Au Québec, cette situation touche plus de 15 % de la population âgée de 65 ans et plus. Cette statistique va en augmentant selon le vieillissement de la population. Mais derrière cette statistique se cache une réelle souffrance sur le plan humain. En leur imposant des frais de stationnement, combien de personnes devront limiter leurs visites auprès de leurs proches pour des raisons budgétaires? C’est insensé.
Enfin, le réseau de la santé semble avoir perdu de son humanité. Ce genre de décision technocrate peut affecter directement le bien-être de ses usagers. Soit ils n’en ont pas conscience, et, dans ce cas, il est de notre devoir de les réveiller. Soit ils le font en toute connaissance de cause. Cela en dirait long sur la considération de nos décideurs envers les personnes aînées.
Dans tous les cas, invitons le ministère et son réseau de la santé à faire preuve de respect et ainsi permettre aux visiteurs des personnes hébergées en CHSLD de se stationner gratuitement. C’est un minimum pour la dignité de nos aînés.
Lise Lapointe, présidente de l’AREQ-CSQ