La Commission spéciale portant sur les impacts des écrans chez les jeunes tient, ces jours-ci, une nouvelle phase de consultations. Il s’agit d’un « sujet chaud » à propos duquel nous avons toutes et tous notre opinion. En tant que personnes aînées, nous avons aussi cette réflexion. Et je dois le dire, j’entends beaucoup de personnes autour de moi se dire inquiètes de l’impact des écrans chez les jeunes. C’est normal, nous voulons ce qu’il y a de mieux pour les générations futures.
En tant que grands-parents, nous comprenons aussi le dilemme que vivent plusieurs parents et nous le partageons. Ils essaient de placer des limites et de maintenir des balises dans leur famille. Cependant, ce n’est pas une tâche facile, surtout lorsque les activités récréatives impliquent souvent l’utilisation d’appareils électroniques et un temps d’écran considérable.
Toutefois, avouons-le, les jeunes ne sont pas les seuls en cause. Nous faisons face à une problématique de société. Le rapport aux outils et réseaux de communication est en pleine effervescence, et ce, dans toutes les sphères de nos vies. Aussi, nous devons nous questionner, comme grands-parents et parents, sur l’exemple que nous donnons. C’est pourquoi il serait pertinent d’étendre le débat sur l’impact des écrans et des réseaux sociaux à l’ensemble des groupes d’âge.
D’emblée, peu d’études et de statistiques existent sur l’utilisation des écrans et des réseaux sociaux chez les adultes, notamment chez les personnes aînées. Or, plusieurs éléments d’informations nous amènent à croire qu’il y a aussi des enjeux pour ces groupes d’âge.
Des écrans différents, mais des écrans quand même
En 2019, la firme Nielsen a démontré que, chez nos voisins américains, les jeunes ne seraient pas les plus accros aux écrans. En réalité, les personnes de plus de 50 ans passeraient en moyenne 3 heures de plus par jour connectées à des médias que les 18‑34 ans. Les premiers consacrent plus de la moitié de leur journée, soit près de 13 heures, à ces activités, tandis que les plus jeunes y passent environ 9 heures et 16 minutes par jour. Cette différence s’explique principalement par une consommation nettement plus élevée de télévision chez les personnes aînées.
Les ainé·e·s jouent aussi à des jeux vidéo
C’est 22 % des joueurs de jeu vidéo au Canada qui ont 45 ans et plus. Nous associons souvent le jeu vidéo aux consoles de jeux, mais le jeu sur appareil mobile a pris une part importante du marché. Lorsque nous creusons un peu plus, nous remarquons que 56 % des personnes aînées au Québec possèdent une tablette électronique.
Selon les données les plus récentes au Canada, 36 % des femmes de 55 à 64 ans jouent à des jeux vidéo, avec un nombre moyen d’heures de jeu par semaine de 8 heures. C’est 69 % d’entre elles qui jouent sur appareils mobiles. Chez les hommes, 41 % des 55 à 64 ans jouent à des jeux vidéo. Le nombre moyen d’heures de jeu par semaine est de 9 heures et c’est 64 % d’entre eux qui jouent sur des appareils mobiles.
D’ailleurs, récemment, Global Web Index rapportait qu’au cours des 3 dernières années, le nombre de joueurs âgés de 55 à 64 ans a augmenté de façon impressionnante de 32 %. Dans nos cercles d’amis, chez les 50 ans et plus, nous avons presque tous quelqu’un dans notre entourage qui joue à Candy Crush !
Enfin, nous espérons que la Commission spéciale qui se déroule actuellement apporte des solutions concrètes pour protéger nos jeunes et encadrer l’utilisation des écrans pour en réduire les impacts négatifs. Puis, en tant qu’adultes, posons-nous la question sur notre propre rapport aux écrans et l’image que nous donnons aux jeunes.