Depuis plusieurs années déjà, la Caisse Desjardins, à l’instar de nombreuses autres institutions financières, retire ses bureaux de services et ses guichets automatiques dans les régions du Québec. L’année dernière, la coopérative a sabré près de 4,5 % de son parc de guichets automatiques. Cette situation est symptomatique d’un problème plus large. Pour des raisons budgétaires, les entreprises et les institutions gouvernementales vont privilégier les nouvelles technologies. Ce sont malheureusement les personnes aînées qui écopent, celles qui dépendaient de ces services, et qui n’ont pas eu la chance de grandir avec les nouvelles technologies.
Malheureusement, en 2019, nos institutions sont plus enclines à s’adapter aux changements technologiques qu’aux changements démographiques. C’est révélateur de la place qu’on laisse aux personnes aînées dans notre société. Vous n’êtes pas habile à utiliser Internet? Tant pis. Vous avez des craintes à l’idée de partager vos données personnelles avec un système que vous ne maîtrisez pas? Ce n’est pas leur problème. Ces institutions ne sont pas à votre service, elles sont au service de la rentabilité.
Pourtant, la grande majorité des Québécois expriment que l’on devrait respecter les besoins de celles et ceux qui ont bâti le Québec, une génération complète de personnes qui ont fait confiance à ces institutions durant toute leur vie, avec leurs avoirs, leurs économies. C’est par cette participation collective, avec tous ces portefeuilles, que ces institutions ont pris de l’ampleur et peuvent aujourd’hui se targuer d’être compétitives.
Une transition pour les personnes aînées
Il y a des projets pilotes de guichets indépendants dans certaines régions afin de faciliter la transition notamment auprès des groupes d’aînés. C’est salutaire. Mais il aura fallu faire pression pour obtenir ces petits gains.
Nous devons constamment rappeler l’impact des décisions de nos institutions dans la vie des personnes aînées. Elles ne sont pas toutes en mesure d’utiliser des applications sur des téléphones intelligents pour gérer nos comptes. Elles sont susceptibles de devenir vulnérables et dépendantes d’autres personnes pour effectuer leurs transactions bancaires. Cette situation les met à risque de maltraitance financière. C’est sans compter les handicaps visuels et les pertes d’autonomies qui peuvent nécessiter un accompagnement. Le problème est d’autant plus marquant lorsqu’on observe les services gouvernementaux et municipaux qui se tournent presque entièrement sur une offre en ligne.
De toute évidence, on oublie les personnes aînées en prenant de telles décisions corporatistes. C’est dommage, elles apportent encore beaucoup à la société et mériteraient davantage de considération.
Et si à partir de maintenant, nos grandes institutions se faisaient un devoir de mesurer les impacts potentiels de leurs décisions technologiques pour les personnes aînées? Pourquoi pas?
Lise Lapointe, présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ)